"Excusez-moi"

La place était bondée. Sur la coque du vaisseau citadelle, les gens allaient et vennaient dans un brouhaha et l’air lui même semblait saturé des conversations banales de tous les jours.

La journée était glorieuse et ensoleillée. C’était d’ailleurs la raison pour tout le tumulte qui se déroulait sur la place marchande. Marchands ambulants, musiciens, amuseurs publiques, acheteurs potentiels et simples promeneurs avaient choisi cette journée idéale pour faire un tour sur la coque. Il n’y a pas à nier que l’après-midi s’annonçait aussi beau que la matinée.

Parmi la masse grouillante de personnages, une jeune femme errait de façon confuse. Quelqu’un qui la voyait de dos l’aurait crue ivre ou, au moins, étourdie, car elle se retournait souvent de façon aléatoire, comme quelqu’un qui cherche à tatons un petit objet dans le noir total. Et, en vérité, cela n’avait rien d’étonnant: Lilith Katze était aveugle!

La jeune femme portait une vielle cape d’un tissus grossier et poussiéreux qu’elle avait dénichée dans la cale de la Tempête Rouge (vaisseau qui était présentement amaré dans les environs de la cité, déguisé en bateau marchand) pour dissimuler son accoutrement (trop souvent elle s’était faite accoster par un idiot qui la prennait – dans le meilleur des cas – pour une accrobate de rue, bien que, en majeur partie, l’ensemble léger et court porté par Lilith donnait l’impression aux gens qu’elle était une prostituée). Par contre, avec cette vieille cape, Lilith n’améliorait guère son sort: on la prennait pour une pauvre mendiante ou, au mieux, une gueuse. Mais ce n’est pas comme si elle pouvait le voir…

Lilith cherchait désespérément l’église. En réalité, elle voulait se rendre à la bibliothèque, mais elle n’allait pas harceler les gens et leur demander de la guider à travers la cité complète! Selon ce que son ouie, son odorat et son toucher lui disait (en fait, tous ses sens sauf la vue), Lilith était probablement sur la coque. Il y avait définitivement des marchants et des amuseurs autour d’elle…

Marchant selon son instinct, percevant tout obstacle devant elle, Lilith cherchait une âme charitable qui pourrait répondre à ses besoins de guide. Lorsqu’elle sentait un corps passant près d’elle avec un pas flâneur, elle n’hésita pas à l’aborder.

“Excusez-moi, monsieur, mais…”

“Je n’ai pas d’argent! Va!” son ton était embêté.

Une autre personne, une femme au pas léger cette fois… “Pardonnez-moi, chère madame, je me demandais…”

“Je n’ai pas le temps!” acerbe cette fois.

Une autre dame… “Pas maintenant, une autre fois!” avec une voix glaciale.

Un homme… “Fiche le camp!” sur un ton dangereux. Ensuite, il s’adressa à une personne près de lui. “Pfft! Ces voleurs aujourd’hui… ils font même semblant d’être aveugles!”

Lilith se sentit blessée par cette remarque, mais ne dit rien. Elle était beaucoup plus occupée à s’exaspérer sur sa situation qui ne semblait pas du tout s’améliorer. Avec son sens d’orientation pourri, comment réussirait-elle jamais à trouver cette foutue bibliothèque!? Si, au moins, quelqu’un accepterait de lui parler pour passer un peu le temps…

*Je déteste être toujours dans le noir!* pensa-t-elle, amer, en touchant le bandeau lui couvrant les yeux. Soupirant profondément, la jeune pirate crut qu’il serait sage de rentrer au vaisseau quand…

PAF!

“Oh!” dit Lilith, un peu perturbée, mais surtout désorientée après être entrée en collision avec l’autre personne. Elle avait été si concentrée sur sa misère que son sens de perception avait été temporairement bloqué. S’inclinant respectueusement, elle espérait que l’autre parti ne serait pas trop en colère…
“Je suis sincèrement désolée…”

[Aie! Désolée, pour un premier post, c'est sacrément long! Topic ouvert à qui le veut!]

"Excusez-moi, madame, voulez-vous une fleur? J'ai des jonquilles, des tulipes, des..."

"NON!"

La cinquième cliente potentielle qu'Edgar Randell aborda depuis les vingt dernières minutes le coupa court avant de disparaitre dans la foule dense de la coque.

"des...des roses aussi...t-tout le monde aime les... Oh! Excusez-moi, monsieur, voulez-vous des..."

Edgar aborda un homme à l'allure sympathique. Peut-être voudra-t-il acheter des fleurs pour les offrir à sa...

"J'AI L'AIR DE QUOI, POUR QUE TU M'OFFRES DES FLEURS, HEIN?"

Ah, oubliez l'allure sympathique. Il se métamorphosa en véritable brute sous les yeux du fleuriste avant de le bousculer. Si ce n'était pas pour le chariot qu'Edgar trainait derrière lui, il serait tombé sur ses fesses, dans une mare d'eau. La brute tourna les talons, avant de s'engouffrer dans une taverne peu fréquentable.

Edgar soupira. Certes, depuis qu'il n'était plus bourreau, il n'était plus la cible des tentatives de lynchages du peuple, mais il n'était pas pour autant épargné d'être insulté par les passants. D'autant plus que la densité de la foule rendait les gens plus irritables que d'habitude.

*Vois les choses du bon côté, Edgar. Le ciel est bleu, le soleil brille...

Et tu n'as pas encore reçu de bleus de la part d'un matelot ivrogne, comme la dernière fois où tu as essayé de vendre des fleurs devant la taverne du quartier des Voleurs...

Il doit bien avoir quelqu'un qui va acheter une fleur un de ces jours par ici, parmi tous ces gens....

Avant que tu ne meures de faim, bien sûr...

Ça suffit, vous deux.*

"Madame, excusez-moi, v..."

"Sans façon!"

"Monsieur, v..."

"DÉGAGE!"

"Ma petite demoiselle, voulez-vous des..."

"NAAAAN! Mamaaaaan, ce monsieur me fait peur!"

"N-non, attendez! Ce n'était p-pas mon inten... Aie!"

"Laissez ma fille tranquille, sale vaurien!"

Même les dernières clientes, une fillette de six ans et sa mère, étaient susceptibles à l'égard de l'ancien bourreau. Edgar se massait la joue, là où la dame l'avait giflé. Il grimaça: il n'avait pas encore réussi à vendre quoi que ce soit depuis le début de la matinée, et cela faisait des heures qu'il avait l'impression que son estomac se digérait lui-même. Edgar soupira; peut-être aurait-il plus de chance s'il allait vendre ses fleurs dans un endroit moins fréqu...

PAF. Perdu dans ses pensées,Edgar avait cessé de faire attention où il déambulait. Il percuta avec quelquechose... ou plutôt quelqu'un. Il faillit en échapper ses lunettes.

"Oh! E-excusez-moi! Je ne... n-n'avais pas regardé où je..."

Edgar s'inclina en tenant ses lunettes sur son nez pour ne pas qu'elles tombent et finissent de rendre l'âme. Il s'attendait à un "Hors de ma vue, sale misérable!" ou à une taloche derrière la tête, mais...

“Je suis sincèrement désolée…”

...il fut complètement désarçonné par la jeune femme aux airs de mendiante qui s'inclinait aussi bas que lui par respect, d'autant plus qu'elle portait un bandeau sur les yeux. Sans doute une aveugle. Edgar bredouilla, tout honteux d'avoir frappé une non-voyante. Ses joues prirent une teinte écarlate.

"Ah, n-non, c'est moi qui ne regardait pas où je-j'allais, je suis sincèrement désolé... je je peux v-vous aider?"

[Pardon si répondre ma pris du temps... ]

Demeurant la tête inclinée, Lilith prit quelques secondes pour assimiler les mots d'Edgar. "Oh! E-excusez-moi! Je ne... n-n'avais pas regardé où je..." bégaya-t-il.

Il semblait à Lilith, qui avait recouvert son sens de perception, que le jeune homme qu'elle avait heurté était, lui aussi, incliné pour s'excuser. En écoutant les tressaillements dans sa voix de ténor douce [désolée si Edgar n'est pas ténor!], elle réalisa que ce jeune homme était quelqu'un de très fragile. Quelque chose dans sa voix, bien dissimulé par le bredouillement du jeune homme, semblait brisé, instable, plus fragile qu'un fil qui serait fait de verre. Lilith se senait mal de l'avoir heurté d'une telle force, même si c'était un accident...

Relevant la tête, elle voulut le rassurer et lui offrir plus d'excuses. Au bref contact physique qu'elle avait eut avec lui, Lilith avait remarqué qu'il était amaigrit sous ses vêtements. Son corps était aussi un peu recourbé: il avait les allures d'un timide ou de quelqu'un qui a toujours peur de ce qui l'entoure. De plus, à en juger par son odeur [sans vouloir t'offenser, Edgar! ^^], Lilith pouvait être certaine que cet individu n'était guère un aristocrate! Près de lui flottaient d'autres odeurs... celles de terres, d'eau et de fleurs.

*Un jardinier, peut-être? Ou encore un fleuriste? J'espère que je n'ai pas abîmé sa marchandise!*

Lilith allait le lui demander. Elle avait aussi entendue un léger craquement de verre et de métal - avait-elle brisé ses lunettes? Elle n'avait pas d'argent sur elle (elle n'avait pas pu en voler - encore) et ne pourrait donc pas payer de dommages. Autant l'en avertir tout de suite...

Par contre, les mots de Lilith n'eurent jamais l'occasion de sortir de sa bouche. Elle fut coupée de court par l'homme fragile.

"Ah, n-non, c'est moi qui ne regardait pas où je-j'allais, je suis sincèrement désolé... je je peux v-vous aider?" dit-il avec une pointe de... était-ce de la pitiée??

Lilith renifla de façon mondaine, quelque peu offensée. Elle avait aussi levée ses sourcils, comme pour dire: "Tu crois que MOI j'ai besoin de pitiée?" En effet, Lilith détestait qu'on la prenne en pitié parce qu'elle était aveugle! On pouvait s'appitoyer sur son sort pour pleines d'autres raisons, mais pas sa non-voyance!!!

Respirant à fond, Lilith se retint d'exploser de colère. Elle faisait face à un être fragile après tout...

"Je vous demanderais de ne pas me prendre en pitié," dit-elle sur un ton un peu froid, sans pour autant être hostile. Ensuite, elle s'adoucit. "Je suis à la recherche de la bibliothèque ou, pour le moins, d'une âme assez charitable pour me conduire vers l'église, qui se trouve près de la bibliothèque..."

Il y avait dans la voix de Lilith une pointe d'incitation. Elle voulait vraiment se rendre à cette foutue bibliothèque! Si elle pouvait seulement insinuer cette idée au pauvre homme qui avait fait collision avec elle... Elle ne lui voulait pas de mal, il semblait gentil... mais la journée était devenue longue et, Lilith, impatiente.

[Je me suis toujours demandée comment sonnait la voix d'Edgar.Enfin, il doit être ténor, je me l'imagine très mal avec une voix de basse ou de baryton... XD]


La femme--la jolie jeune femme aux longs cheveux mauves-- renifla avec un air offensé aux paroles d'Edgar...

ka-cric.

Les petites lunettes rondes du fleuriste se glissèrent de son nez et tombèrent avant de craquer sous le pied de la jeune aveugle, qui avait fait un pas en avant. Ses sourcils vinrent plisser son front et il ouvrit la bouche, comme pour s'exclamer en silence:

*Mes lunettes!*

Cette plainte n'eut jamais le temps d'être formulée par ses cordes vocales, puisque la jeune offusquée prit la parole.

"Je vous demanderais de ne pas me prendre en pitié."

Son ton était froid, sans pour autant être violent, comme si.... elle le prenait pour un être trop fragile pour encaisser un commentaire vraiment cinglant. Néanmoins, Edgar se sentit un peu mal à l'aise, même après que le ton de son interlocutrice s'était adouci.

''Oh, j-je suis désolé si mes paroles vous ont offusqué, je... ce n'était pas mon intention, veuillez m'excu...''

Edgar se tut pendant un instant alors que les dernières paroles de la jeune femme parvinrent enfin à se faire décoder par son son cerveau.
"Je suis à la recherche de la bibliothèque ou, pour le moins, d'une âme assez charitable pour me conduire vers l'église, qui se trouve près de la bibliothèque..."

Bibliothèque... la bibliothèque de la paroisse? Mais c'était là que vit...

Le sang d'Edgar ne fit qu'un tour.

''L-la... la bibliothèque?...''

*non. Non non non non NOOON!! Elle va m'achever si elle me voit en vie!!*

Edgar poussa un petit rire nerveux, presque inaudible.

''L-la bibliothèque... mais il ne-n'y a rien là-bas... seulement des livres strictement religieux! Peut-être q-que vous....''

Edgar se tut. Il pouvait toujours essayer de la persuader d'aller dans une librairie, mais il se risquait à être dénoncé s'il mentionnait le mot ''Librairie'' dans un endroit public....comme ce marché, par exemple...

*Superbe dilemne, Edgar.
Aller à la paroisse et se faire massacrer, ou se faire dénoncer et se faire massacrer. Superbe.
Que vas-tu choisir?*

Edgar aurait tout simplement pu choisir ni l'un ni l'autre et simplement refuser d'accompagner la jeune femme, mais quelquechose dans l'expression plutôt insistante de l'aveugle le fit hésiter. Le fleuriste soupira inaudiblement. Il ne pouvait pas refuser...

''...voulez q-que je vous accompagne...''

Il pouvait être prudent et passer par une section de la paroisse moins fréquentée, pour ne pas être vu... Mais Edgar avait un mauvais pressentiment. Il le sentait dans le creux de son estomac..

*Espérons que ce ne soit que ma paranoïa ou ma faim qui me fassent cet effet...*

[Je suis désolée pour ce post plutôt mauvais (le pire, c'est que ça m'a pris une éternité à l'écrire) et tu peux me lapider si je te coupe l'inspiration...>_<]

[Lol, t'inquiètes! J'adore ton post!!! Tu veux quelque chose de VRAIMENT PAS inspirant...? Tu devrais lire mon texte de l'épreuve uniforme de français... teeeeerrible! Rien de plus plate que de disserter sur George Sand - auteur que j'excècre d'ailleurs ]

Lilith avait senti quelque chose briser sous son pied... Le crissement qui se fit entendre était, sans doutes, celui d'échardes de verre qui broyaient contre le pavé de la rue. Lilith eut un tic irrité en entendant cet affreux gémissement d'éclats de verre agonisants. Le crissement était atrocement strident et une chair de poule inconfortable parcourut d'abord l'échine, ensuite le corps entier de la jeune pirate. Pourtant, ce bruit - si horripilant aux fragiles tympants de l'aveugle - était aussi peu audible que le murmure du vent pour la majorité des gens. C'est pour cela que, lorsque Lilith se hérissa à la manière d'un chat agacé, cela pouvait sembler bizarre aux observateurs de la scène. Il manquait juste que Lilith crache et elle allait donner l'impression d'un chat de gouttières en colère...

Pendant un instant, tout, autant dans le corps que dans l'esprit de Lilith, semblait figé. Des sons, pareils aux crissement des lunettes d'Edgar échoués sur le pavé, étaient ce qui se rapprochait le plus de la torture pour Lilith. Surtout parce qu'elle dépendait à 90% sur son sens de l'ouie très aiguisé. Elle se crispait toujours pour un bon moment lorsqu'un son pareil parvint à ses oreilles sensibles.

C'est d'ailleurs pour cela que Lilith ne remarqua pas sur le coup ce qu'elle avait écrasé. Cela avait fait un crissement agressant, c'est tout ce qu'elle en savait. Lorsque Lilith se calma, après ce qui lui sembla une éternité de silence tendu, elle sentit distinctement du verre sous son pied et...
*Des tiges de métal? Oh, merde! J'ai écrasé ses lunettes...* Lilith se sentais exaspérée et très tentée de donner un coup de pied à un objet quelconque pendant quelques secondes, mais elle se resaisit. *Tant qu'il ne me demande pas de les lui payer - depuis l'attaque, il n'y a plus beaucoup d'argent dans les coffres de la Tempête Rouge!*

Lilith pensa quelques secondes au vaisseau qui lui servait de chez elle avec un mélange de découragement et mélancolie... Lorsqu'Edgar répondit, enfin, à sa demande.

''L-la... la bibliothèque?...'' Dit-il sur un ton de voix si effrayé que Lilith se mit à prêter l'oreille plus attentivement aux environs. Selon les tressaillements dans la voix d'Edgar, il y avait une menace terrible, un danger obscur, mais très clair dans les environs... Mais il n'y avait rien. Pas le moindre son, pas la moindre perception ne su susciter une alerte en Lilith. Seul la voix d'Edgar lui était un indicateur que quelque chose clochait.
*Mais de quoi a-t-il donc peur? Les livres ne le mangeront pas!*

''...voulez q-que je vous accompagne...'' demanda alors Edgar. Il y avait une résignation triste dans son bégaillement. Lilith avait l'impression qu'elle envoyait cet homme se faire condamner sur un échafaud. Du moins, c'est ce que sa voix lui indiquait. Lilith ne put s'empêcher de lever les sourcils, étonnée par ce comportement saugrenu.

"Bien sur que j'aimerais être accompagnée..." dit-elle après un instant. Le personnage auquel elle faisait face était définitivement un être singulier. Il serait intéressant de savoir qui il était. "Ce n'est pas comme si je pouvais suivre les indications de quelqu'un avec des noms de rues!"
Le ton de Lilith était sarcastique, voire amer. C'était comme si elle regrettait de ne pouvoir lire pour elle-même.

"D'ailleurs, peut-être que vous y trouverez quelque chose d'intéressant, vous aussi, à la bibliothèque. Je trouve que les livres religieux sont des oeuvres merveilleuses pour développer le sens critique."
Il y avait une pointe d'espièglerie dans la voix de Lilith. Elle sous-entendait, naturellement, que les oeuvres religieuses étaient très amusantes pour en rire.

"Mais j'oublie mes manières!" dit-elle, soudainement, comme si frappée par une éclair. "À qui je m'adresse, donc?"

[Aie! Post trop long et trop plate Crucifie moi si ça te chante... je ne sais pas ce qui m'a pris pour faire une aussi longue description du bruit de lunettes cassées.... ]

[Allez! Je m’incruste à fond en brassant le topic un peu! XD]

Pendant que Lillith tournait encore en rond à la coque et qu’Edgar essayait encore de vendre des fleurs, à la destination souhaitée de la pirate, Hachi avait giflé une jeune fanatique avant de s’enfuir de la paroisse. Il s’était habilement glissé dans une foule de gueux et avançait le plus rapidement possible vers la coque. Direction : son « repaire », où la fille de joie Rosa se ferait un plaisir de le débarrasser de son costume de moine... pour lui rendre ses vêtements habituels, entre autres. Ainsi, Hachi espérait ne pas pouvoir être retrouvé par Médéa trop tôt. Avec un simple regard le pirate disgracié avait compris qu’il avait affaire avec un véritable danger public... et qu’il fallait l’éviter tant qu’il ne récupère pas son épée, qui était restée au palais. Alors qu’il se dirigeait à grands pas de son repaire, Hachi faisait la moue.
*Sa majesté sera vraiment content lorsqu’il va apprendre que je me suis fait démasquer par une gamine...*

Précisément au moment où Lillith percutait avec Edgar, Hachi courait dans le couloir étroit de l’édifice délabré où sa chère Rosa mettait des lanternes rouges à sa fenêtre pour indiquer qu’elle avait un client... Justement, lorsque le pirate ouvrit la porte, il comprit très rapidement qu’elle était occupée. Je vous épargne les détails en me contentant de citer le mercenaire, qui parlait rapidement :

« Ah-bonjour-Rosa-désolé-d’entrer-comme-ça -je-suis-pressé-tiens-voici -mon-costume -je-prends -mes-vêtements -merci-de-les-avoir-gardés -je-t’emprunte-ces-deux- dagues -j’ai-oublié-mon-épée- chez-moi -je- te-les-rapporte- demain- il-y-a-une-folle-qui- me-court-après-je -resterai-pas-longtemps- pour-pas-vous-mettre-en-danger -voici -l’argent-que-je-te-devais -voilà-sur-ta-table -à-côté -hé-m’sieur -vous-êtes-un-veinard -elle-ne-laisse-pas-n’importe-qui- lui-faire-ça -bon- je-vais-y-aller -amusez-vous-Bye!! »

Hachi était encore en train d’enfiler son pantalon à petits sauts lorsqu’il referma la porte de la chambre, bloquant du coup le « HACHI! Imbécile!! » offusqué de Rosa, qui venait de perdre un client insulté par cette atteinte à son intimité et qui voulait ravoir son argent.

Pile au moment où Edgar échappait ses lunettes, Hachi venait de sortir dans une des rues de la coque, zigzaguant rapidement sans peine dans la foule dense. Il avait l’air d’un poisson dans l’eau , à l’aise, sans être pressé. Les apparences sont trompeuses : Hachi n’était pas pressé, il était TRÈS pressé. Il ne ralentirait que lorsqu’il se sentirait à l’abri et qu’il serait certain que Medea ne le suivait pas. Pendant ce temps, la jeune aveugle demandait au maigre fleuriste son nom...

...Et pile au moment où Edgar aurait pu ouvrir la bouche pour répondre, Hachi regardait par-dessus son épaule...

*Je crois que je l’ai sem--* PAF.

Hachi percuta avec toute sa force sur le pauvre Edgar, qui fut pratiquement plaqué à son chariot. Le chapeau vert du pirate tomba sur ses yeux, bloquant sa vue.« AH! Désolé! Je voyais pas où j’allais...! »

Hachi releva son chapeau, et les deux visages qu’il vit le fit se taire. Une jeune femme aux cheveux mauves. Il l’avait déjà vue, il y a au moins un an... mais quand? Ça devait être sur un des bateaux de la flotte, il en était certain... Mais le maigrelet aux cheveux noirs, il ne pouvait pas se tromper. Avant qu’il ne soit arrêté par la flotte Uruanne, il s’était mêlé à la foule pour assister à une exécution. Un meurtrier, ou un médecin. Il ne savait plus. Mais il se souvenait de l’homme qui avait appliqué la sentence. Son nom et sa réputation le précédait, au point que même un an après sa disparition, les gardes du palais parlaient encore de lui.

Et si Hachi ne se trompait pas, c’était bel et bien devant un bourreau donné pour mort qu’il se tenait. Le nom sortit tout seul de la bouche du pirate :

« .... Randell?? »

*Voilà qui intéressera not’ p’tit roi...*

[Je m'excuse pour mon manque de participation ici, mais je suis vraiment débordée en ce moment. Allez, au moins ce minable post permettra l'avancement du topic que je crois que je suis en train de tuer...]

Bref retour en arrière.

Edgar n'avait pas manqué la sensibilité de la jeune femme devant lui lorsque le crissement de ses lunettes l'irrita. Déjà, ce bruit, bien qu'à peine audible, irrita le fleuriste, il observa comment tout le corps de la jeune femme se raidit, et pendant un moment il eut peur qu'elle donne un vigoureux coup de pied à ses lunettes... ou ce qu'il en restait. Le talon de l'aveugle avait donné le coup de grâce aux lunettes du myope.

Il venait de ramasser ses lunettes avec un air déconfit--en plus de devoir aller à la paroisse, le voilà à présent avec des lunettes brisées, ce qui lui donnait l'impression désagréable d'être encore plus vulnérable de ce qu'il est déjà-- lorsque la jeune femme répondit:

"Bien sur que j'aimerais être accompagnée...c'est pas comme si je pouvais lire les noms des rues!"

Edgar ne pouvait confondre le sarcasme et l'amertume qui résonnait dans la voix de la jeune femme, et essaya de penser à une réponse qui aurait pu la réjouir... mais ne trouva rien. Elle continua, sur un air un peu plus joyeux:
"D'ailleurs, peut-être que vous y trouverez quelque chose d'intéressant, vous aussi, à la bibliothèque. Je trouve que les livres religieux sont des oeuvres merveilleuses pour développer le sens critique."
Là, Edgar ne put s'empêcher de rire; cette jeune femme suggérait pouvoir trouver quelquechose d'amusant dans les livres. Elle n'avait pas tort; Edgar avait été un habitué de la bibliothèque pendant quatre longues années, et il avait toujours trouvé quelquechose d'amusant dans ses lectures. La nonchalance de la femme commençait même à le mettre à l'aise...

"C'est vrai; si vous saviez à quel point quelques livres sont drôles, surtout lorsque le copiste qui les a écrits a la tendance de confondre 'Méfiez-vous du mal' avec 'Méfiez-vous du mâle' ou d'autres fautes comme celle-là. Des fois je me demande si tous les gens de cette ville sont illettrés, tellement il y a des fautes dans les livres, par moments."

Il y avait une pointe d'ironie qui avait surgi dans les derniers mots que pronoça Edgar. Comme s'il était fatigué de rester sur Urua. Oui, il était fatigué de cette ville; dès que la ville sainte redescendrait sur terre, il en profiterait sans doute pour aller vivre ailleurs, peut-être près d'une vraie bibliothèque, et avec personne pour lui rappeler qu'il avait tué un innocent quidam il y a...


"Mais j'oublie mes manières!" dit-elle, soudainement, tirant le bourreau retraité de sa rêverie. "À qui je m'adresse, donc?"

Edgar hésita un moment. Serait-il sage de lui dire qui il était? Non, sûrement pas; si quelqu'un saurait qu'il est en vie, Medea--ou les pirates, également; la jeune fille en orange devait sûrement encore lui en vouloir pour sa 'correction' de l'année précédente-- pouvait faire de lui une cible.
*Je vais seulement me contenter de lui dire de m'appeler Ed...*

"Eh bien...je m'appelle...." PAF.

Edgar se sentit projeté vers le côté, entrant en collision avec son chariot et obtenant une protestation de ses côtés. Il faillit échapper ce tas de métal et de verre brisé qu'il appellait encore 'ses lunettes'...
Un homme, un peu plus âgé que la jeune femme, retira son chapeau de son visage.

« AH! Désolé! Je voyais pas où j’allais...! »
L'homme figea en voyant Edgar, qui se mit à pâlir en craignant le pire...
Et justement, le blond devant lui confirma sa plus grande crainte.

"Randell...??"

Edgar devint blanc comme un linge au mot de l'inconnu. Tout ce temps à essayer de passer incognito, tout ce temps où il était même réduit à manger ses fleurs pour survivre de peur de se faire démasquer s'il cherche un travail plus payant... cet inconnu venait de tout réduire à néant en moins de 10 secondes.

*Non. Non non non nonononononononNOOON!!*

Le bourreau poussa un petit rire nerveux, essayant de ne pas céder à la panique. Sa voix sonnait aigue, presque criarde et pathétique, comme un homme que son épouse vient de trouver dans le lit d'une autre et qui essaye de faire croire que ce n'est qu'un malentendu.

"Ahaha... M-moi? Non, monsieur, il doit y avoir erreur sur la personne..."

Le mensonge sonnait faux même aux oreilles du menteur. Edgar recula contre son chariot, saisissant les poignées, prêt à détaler...

"Je...on m'a déjà dit que je ressemblais beaucoup au bourreau, mais... non, je ne suis pas lui... et puis... Randell est mort depuis un an, n'est-ce pas??"

*JE DOIS PARTIR!!!*

Edgar avait commencé à tirer le chariot et à s'éloigner de l'homme. Il n'avait pas le choix; il allait devoir laisser la femme derrière lui. Il allait sans doute avoir des....

lorsque quelquechose, ou plutôt quelqu'un, empêcha l'ancien bourreau de s'enfuir en douce...

[Oh, God Roy!!! XD J’adore ton post, Ed!!! Vraiment, la description de ce qui reste des lunettes est trop cool! Et j’aime la métaphore de la nervosité de Edichoupinet qui essaie de faire passer l’adultère pour un malentendu! X3 ]

Lilith entendit un bruit sourd, comme si son interlocuteur était entré en collision avec quelque chose. Par contre, ce quelque chose répondit par un « AH! Désolé! Je voyais pas où j’allais...! »

Lilith fronça les sourcils. Il s’agissait donc de quelqu’un. Mais de qui? Il lui semblait avoir entendue cette voix de bariton quelque part auparavant. C’était une belle voix, selon Lilith, et il lui semblait que les notes suaves – même dans la nervosité de l’absurde situation – était les mêmes que celles de la voix qui l’avait marquée... elle ne savait plus trop où, ni quand.

"C’est vrai que d’aborder la cité pourrait nous rapporter... Mais il faudrait faire preuve de plus de prudence." Les mots résonnaient tout au creux de la mémoire de Lilith. Quelqu’un les avait dit à Kellian Dolovan, un an plus tôt, juste avant l’attaque pirate qui avait eut des conséquences désastreuses pour toute la flotte, surtout pour Kytta...

Lilith ne pouvait se remémorer cette voix. Ce n’étaient que ces mots qui lui revinrent. Il lui semblait que c’était la même personne qu’alors qui parlait à présent. Mais, qui il était, elle ne le savait toujours pas.

"Randell...??" demanda l’étranger à la voix intéressante après quelques instants de pause.

Lilith se figea. Ses lèvres se séparèrent, laissant sa bouche entrouverte, et ses sourcils levèrent, allant rejoindre la cicatrice au milieu de son front. Ce nom lui était familier... très familier...

*Non, ça ne se peut pas! Lui, ici?*

"Ahaha... M-moi? Non, monsieur, il doit y avoir erreur sur la personne..." répondit l’être fragile et bégayeur que Lilith avait essayé de convaincre pour qu’il l’escorte jusqu’à la bibliothèque. "Je...on m'a déjà dit que je ressemblais beaucoup au bourreau, mais... non, je ne suis pas lui... et puis... Randell est mort depuis un an, n'est-ce pas??"

C’en était assez. Les pensées de Lilith s’embrûmèrent. Elle ne sut plus qu’une seule chose : cet homme se nommait Edgar Randell. C’était le seul Randell dont elle avait jamais entendu parler – Kytta n’avait pas manqué de le mentionner à maintes reprises les rares fois où elle acceptait de discuter des tortures qu’elle avait subies dans le cachot du château d’Urua. Elle avait souvent parlé du bourreau sadique nommé Edgar Randell qui, en plus d’avoir cassé tous les doigts de sa main, n’avait cessé de philosopher en lui attribuant sa "leçon".

Lilith pouvait se sentir boullir de rage à l’intérieur. Comment cet être inhumain osait-il se montrer sur une place publique? Il devait être arraché de force du monde des vivants! Il le fallait! Après tout ce qu’il avait fait vivre à Kytta, Lilith ne tolèrerait pas qu’une mauvaise herbe comme lui puisse continuer de fleurir alors que sa camarade souffrait encore des conséquences de ses tortures.

*Quel mauvais menteur! Je n’en reviens pas qu’il ait pu me tromper ainsi!* pensa Lilith, la rage lui causant d’enfoncer les ongles dans ses paumes. Elle serrait autant les poings que les dents. Cet être détestable... cette crapule...! Elle allait rammener sa tête sur un plateau d’argent pour Kytta! Ou, peut-être, serait-il mieux de simplement le traîner de force à bord du Grand Rouge? Ainsi, Kytta pourait se venger elle-même... Et la flotte au complet pourrait ensuite danser sur le cadavre de l’un de ceux coupables d’avoir décimé près de la flotte entière!

Un sourire amer vint aux lèvres de Lilith alors que cette pensée sadique lui vint à l’esprit. Assurément, Lilith n’était pas, en règle générale, de nature cruelle; mais, avec Randell, elle était dépassée par son sentiment de rage insoutenable.

Lilith sentait que l’homme en question bougeait. Ses mouvements étaient très nerveux. *Bien. Il en sera une proie plus facile!*

Et alors, la forme d’Edgar se mit à se déplacer. Il essayait de passer en douce à la gauche de Lilith pour s’éloigner de l’étranger à la voix fascinante. Elle ne le laisserait pas partir aussi facilement! Il n’en était pas question!

Se retournant vers Edgar d’un coup et à une vitesse telle qu’il ne put même pas s’en rendre compte, Lilith posa lourdement sa main sur l’épaule de l’ancien bourreau. Sa poigne était incroyablement forte pour celle d’une jeune femme et, dans sa colère, elle ne se rendait même pas compte qu’elle enfonçait maintenant ses ongles dans l’épaule de Randell.

"Edgar... Edgar Randell?" demanda-t-elle sous forme de question sans toutefois vouloir la réponse. Elle la connaissait déjà.

"Kytta... Dis-moi, le nom Kytta, ou Kyt te dit-il quelque chose? Je t’avertis, je peux sentir lorsqu’on me ment..."

Pour signifier à quel point elle était sérieuse, Lilith avait tiré l’une de ses dagues chaînées de l’intérieur de sa cape de mendiante et en appuyait maintenant la pointe accérée et froide contre la jigulaire de Edgar.

"Tu vas me suivre sans broncher. C’est clair?"

La voix de Lilith était grave, calme et étrangement posée. Par contre, dans les tons presques sereins de cette voix, il y avait énormément de danger. L’agressivité sous-entendue de la pirate pouvait en faire trembler plus d’un de frayeur...


[Désolée, Hachi! J’ai inventé beaucoup à ton égard! Si t’aimes pas, je vais editer! Je me fie aussi à ce que Edichou m’a dit pour ce qui concerne Kytta, si je me suis trompée à quelque part, veuillez me le dire!]

[C’est beau, Lillith, j’aime bien ce que tu as écrit pour Hachi... ^^]

"Ahaha... M-moi? Non, monsieur, il doit y avoir erreur sur la personne... Je...on m'a déjà dit que je ressemblais beaucoup au bourreau, mais... non, je ne suis pas lui... et puis... Randell est mort depuis un an, n'est-ce pas??"

*Quel mauvais menteur...*

Le bredouillement peu convaincant du jeune homme, d’autant plus qu’il tentait de reculer d’une façon qui se voulait subtile —sans pour autant l’être— confirma les doutes de Hachi : C’était bel et bien Edgar Randell, l’ancien bourreau sadique d’Urua, qui se trouvait devant lui...

*Mais j’comprends pas pourquoi on dit que c’est un monstre... Même Adelbert a l’air d’un hercule comparé à cette mauviette... *

Randell reculait. Il tenta de passer doucement à côté de l’aveugle (mais OÙ l’avait-il déjà vue?!?) qui semblait avoir été figée... Hachi fit deux pas en avant...

« Hé, attends une... »

...Lorsque la jeune femme bougea avec une telle vitesse que, du coup, Hachi eut du mal à la suivre des yeux; elle agrippa fermement l’épaule du bourreau. Le pirate déchu eut mal pour lui, en voyant comment elle rentrait ses ongles dans sa chair.

"Edgar... Edgar Randell?... Kytta... Dis-moi, le nom Kytta, ou Kyt te dit-il quelque chose? Je t’avertis, je peux sentir lorsqu’on me ment..."

------plus d’un an plus tôt----

« C’est vrai que d’aborder la cité pourrait nous rapporter... Mais il faudrait faire preuve de plus de prudence. Ces Uruans doivent pas être sous-esti... »

CRASH BADANG. « KYYYT!!! SORS TON SINGE DE LA CUISINE IMMÉDIATEMENT!!! »

-----Retour à la coque-----

*Ah, j’ai sûrement dû la voir sur la Tempête alors.... *

La jeune femme sortit de sa cape de gueuse une dague chainée et la pointa à la gorge d’Edgar. Hachi fut à la fois alarmé par l’idée de peut-être devoir ramener son « trophée » (ou « la preuve que son excursion en ville n’était pas une perte de temps » ) sans vie et impressionné par la voix sensuelle posée de la jeune femme :
"Tu vas me suivre sans broncher. C’est clair?"

Ah, là, Hachi devait intervenir s’il voulait ramener du petit maigre au roi. Il sortit une des dagues qu’il a empruntées à Rosa, et avec une agilité comparable à celle de la jeune aveugle pirate, il lui posa la main sur l’épaule de cette dernière :

« Pardonne mon impertinence, ma jolie, mais Randell vient avec moi; alors, soit tu me le laisses... »

Hachi posa sa lame contre la nuque de la jeune femme, juste entre deux vertèbres cervicales. Il continua d’une voix froide :

« Soit je t’oblige à me le laisser. Ne le prends pas personnel, je ne fais que mon travail... »

Hachi souriait à présent.

*Si elle est aussi jolie, pourquoi je ne m’en suis pas souvenu avant?*

Il rajouta, avec sa pertinence habituelle et un ton badin, sourire en coin :

« En passant, je suis un peu curieux... Qui a remplacé Dolovan? »

[J’aime pas. ;___; Mon post est court, en plus.]
EDIT: J'avais pas remarqué que mon post se répétait... =-=

[HOURRA!! Après deux mois de silence, voilà enfin Messieurs Temps et Intérêt ainsi que Madame Inspiration qui m'ont enfin souri!!
En avant pour le 'retour' d'Edgar! Pardon si ses délires n'ont pas le même dynamisme qu'avant, il est un brin rouillé...
Un gros merci à Ismeraude qui a eu la gentillesse de m'envoyer l'extrait de l'attaque pirate au château dont j'avais besoin. ^-^]

Edgar avait à peine eu le temps de faire un pas que cinq ongles acérés se plantèrent dans son épaule gauche, faisant du coup protester des tendons de son épaule, qui n'avaient jamais vraiment réussi à se rétablir d'un...incident de l'année précédente, lorsqu'il était encore bourreau. Il serra la mâchoire et tendit ses muscles de douleur. Une lame froide et acérée se posa sur sa gorge, le faisant frissoner.Ses cheveux se dressèrent sur sa nuque lorsqu'il entendit le ton de la voix de l'aveugle.

"Edgar... Edgar Randell?"

GULP. Oui, c'était lui. Edgar n'arrivait pas à expliquer pourquoi une sueur froide commençait à perler sur son front. Ce n'était qu'une aveugle; pourquoi avait-il la frousse de sa vie?!

*Peut-être parce que c'est son arme qui est sur ta gorge et non l'inverse Edgar...*

"Edgar... Edgar Randell?... Kytta... Dis-moi, le nom Kytta, ou Kyt te dit-il quelque chose? Je t’avertis, je peux sentir lorsqu’on me ment..."

Kytta. Kyt. Orange. Le premier souvenir qui vint à l'esprit d'Edgar était celui d'une robe orange et d'un sourire insolent; le point au creux de l'estomac du fleuriste se tordit, incapable de se décider entre la peur de se faire égorger et la colère de s'être fait avoir par une pirate aveugle-- comment pourrait cette aveugle connaître cette chipie en orange si elle ne serait pas affiliée à ces bâtards du ciel...?
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"...Oui donc va falloir qu'on s'éjecte de c'palace. Nic', Kytta ? On a le choix entre le plan D et le plan H. D pour discrétion, H pour Hécatombe. "
"VOUS!"
"ENCORE TOI?!? T'es pas fatigué de toujours nous tourner autour, parce que moi je suis fatiguée de voir ta fa... HEY! C'est à moi ça!!!"
"Avec le sale mal de crâne que tu dois te payer, de toutes facons, tu va nous faire quoi ? Tu vois, j'me suis évadé, et je compte pas me faire un nouveau tatouage grace à tes fers chauffés à blanc....Nico!"
BANG BANG.
====
"Pardonne mon impertinence, ma jolie, mais Randell vient avec moi; alors, soit tu me le laisses, soit je t’oblige à me le laisser. Ne le prends pas personnel, je ne fais que mon travail...En passant, qui a remplacé Dolovan?"

*Dolovan? C'est pas le pirate malade qui a dirigé le massacre des plaines?
Si le type au chapeau connait Dolovan, c'est qu'il est...
Grotesque. Tout ça est grotesque! Edgar, il y a deux pirates qui sont en train de se battre pour t'emmener te faire égorger comme un pourceau!...*

Grotesque grotesque GROTESQUE. Le dos d'Edgar se courba, et un faible grognement parvint à grimper le long de sa gorge, avec un sentiment qu'il n'avait connu depuis un long moment...

Grotesque grotesque grotesque GROTESQUE G R O T E S Q U E...

Lillith aurait pu sentir les épaules, puis le reste du corps de l'ancien bourreau tressaillir, comme si quelquechose en lui venait de se briser en deux...

"Ha... Ha ha..."

... Puis un ricanement dément résonna dans la place publique. Edgar était secoué par un rire qui devenait de plus en plus aigu, avant de se calmer. Même avec le dos tourné aux pirates, même Lilith aurait pu deviner qu'il souriait.

"Hi hi hi... Grotesques! Vous êtes encore plus grotesques que Kytta lorsque ses doigts craquèrent comme de vulgaires brindilles! Plus pathétiques encore que lorsque j'ai serré mes mains à sa gorge! Elle est vivante après tout, la petite poupée? Même à moitié étranglée dans un château en ruines, elle vit encore? ha HA!..."

Puis, un grognement vibra au fond de sa gorge. Edgar dégaina sa dague--son amie, sa dague qui scintillait,qui souriait à la lumière-- avant de regarder par-dessus son épaule, en faisant attention de ne pas se couper sur le poignard de l'aveugle.
Les yeux gris de l'ancien bourreau brillaient, furieux, pris d'une démence qui avait dormi pendant plusieurs mois; les lunettes brisées semblaient accentuer le tout.

"JE NE SUIS PAS UN TROPHÉE,BANDE DE CLOWNS!!"

La dague-- la jolie dague grise, la jolie dague grise qui allait devenir rouge sous peu, avec un peu de chance la jolie dague rouge et dégoulinante--- vola vers le nez de Lilith.

[Hourra! Le retour d'Edgar le sadique! Pardon à Kytta que je n'ai pas arrêté d'insulter et il me semble qu'Edichou est devenu plus dangereux depuis l'année précédente; les hommes les plus dangereux sont souvent ceux qui n'ont plus rien à perdre, et il me semble qu'Edgar concorde enfin à ce profil... Enfin, ce post à été assez difficile à écrire, bien plus difficile que je ne l'aurais cru.
Ah, je n'ai pas pu résister ajouter les dialogues de Kaenor (R.I.P.)...]