Mémento

[PV Sora]

Le ciel était lourd et gris en cette matinée plutôt fraîche, comme si les nuages ne savaient pas s'ils devaient déverser leurs eaux ou non. Un vent un peu trop froid aux goûts d'Ion pénétra sa chemise. Il frissonna, avant de serrer son manteau contre lui. Le versant du mont Anaïs sur lequel il se trouvait--le versant nord-- était connu pour être particulièrement venteux.

Le joueur de mandoline siffla avant de continuer à s'éloigner du sentier qu'il venait de quitter.

"Hermès, par ici."

Un énorme chien noir-- un labrador débordant d'énergie-- émergea d'un buisson avant de rejoindre son maître, qui lui gratta l'oreille avant de continuer son chemin, son chien aux talons.

Ion soupira; depuis son retour à Urua, une arrière-pensée venait souvent le troubler, et une phrase que les Lyov avaient dit avait transformé son arrière-pensée en véritable obsession:

"Vous... Vous devez venir d'une famille assez importante... Votre nom me dit vaguement quelque chose..."

Où était passée la famille? Il était évident que le manoir avait été abandonné, mais... où était tout le monde? Son père, sa mère, Alaya et Sora? À voir l'état du manoir, on pouvait deviner que les Mastell avaient sombré dans la ruine...

Ion frissonna à nouveau,mais ce n'était pas à cause du vent.

*Ils ne sont pas tous morts, quand même?*

Ion arriva enfin à une petite grotte, à peine assez grande pour le laisser entrer à quatre pattes, il s'accroupit, avant d'ordonner un "Hermès, assis." à son compagnon et entrer dans sa cachette. Même dans le noir presque total, Ion savait où aller; il était venu ici plusieurs fois auparavant. Il ne lui fallut que très peu de temps pour trouver que qu'il était venu chercher. Un coffret que Thomas et lui-même avaient placé là il y a de cela presque vingt ans.

* "Ion, quand nous serons grands on saura comment faire tous les trucs que dit ce bouquin d'alchimie, hein?"*


Lorsque Ion sortit enfin de la grotte, son oeil vert regarda en toutes les directions. Où était le chien?

"Hermès?"

Il entendit des jappements, quelques mètres plus loin... et était-ce un cri? Ion partit à la course, son coffret sous le bras.

"Hermès! Au pied!"

Il arriva enfin à la source de tout ce raffut; Hermès jappait inlassablement en bondissant autour d'une jeune fille. Ion réussit à saisir le chien pour l'éloigner de l'agressée.

"Couché, Hermès! Ah, pardon mademoiselle, Hermès est un brin surexcité, mais c'est un très bon..."

Ion figea lorsqu'il vit les traits de la jeune femme plus clairement. Hermès s'assit à ses pieds, la langue pendante, semblant se demander ce qui pouvait bien se passer.

*Roy, on dirait ma mère trait pour trait!*

Sa bouche s'ouvrit toute seule.

"A... Alaya? Est-ce que c'est toi?..."

[Humm... un brin déprimant par moments, mais potable, à mon avis.]

[Pas si déprimant que ça!!! J’étais même contente de voir ton post! XD Désolée pour avoir mis autant de temps à répondre!]

Sora avait décidé de prendre le chemin de la maison – où plutôt de l’humble et primitive demeure qu’elle nommait ainsi. Elle avait peine à se retenir pour ne pas gambader de joie : le capitaine des pirates, Thomas Chesterland – si elle se rappelait bien du nom – lui avait fait une offre irrésistible. L’heure la libération allait enfin sonner sur Urua… Sora savourait déjà du bout des lèvres sa victoire et, surtout, sa vengeance contre Ismeraude de la Bourgogne…

Le sourire aux lèvres alors que Sora entreprenait l’ascension du Mont Anaïs à travers la forêt qui recouvrait les flancs de l’immense roc flottant, son cœur était bien trop emballé par la joie pour prendre de quelconques précautions ou pour avoir des soucis (un état d’âme qui ne s’était pas manifesté chez Sora depuis plus de 5 ans déjà).

Lorsque la bête chargea sur elle, Sora cria.

Ce ne fut qu’après s’être remis de son immense surprise à la vue de l’animal que Sora put reconnaître que son assaillant était un immense chien noir. Et une belle bête en plus!

Le chien jappait et agitait la queue. Sa longue langue rose tentait de lécher toute parcelle de peau de Sora qu’elle pouvait atteindre, recouvrant ainsi ses mains et ses chevilles de salive chaude et visqueuse…

"Mais d’où tu sors, toi? Tu m’as fait une de ces peurs!" dit-elle aimablement au chien qui ne cessait de bondir autour d’elle et de s’émoustiller, brandissant sa longue queue poilue comme une arme derrière lui.

Lorsque le chien sauta plutôt haut et posa ses grosses pattes sur les épaules de Sora (salissant ainsi sa robe, mais peu importe!), cette dernière ne put s’empêcher d’être un peu perplexe devant la gaieté débridée de l’animal. *Me prend-t-il pour son maître? Ou peut-être ai-je quelque chose à l’odeur particulièrement alléchante sur moi?*

Arriva alors un jeune homme – il devait être dans sa trentaine, quoique ses cheveux étaient bien pâles pour un âge pareil – en courant à travers arbustes et feuillages. Il agrippa le chien par le collier et l’éloigna de Sora, comme s’il avait peur que l’animal lui fasse du mal. "Couché, Hermès!‘’ dit-il sur un ton sévère à la bête.

"C’est votre – ?" commença Sora, mais elle s’interrompit subitement en apercevant le visage de l’étranger aux cheveux d’argent.

L’homme se tourna vers Sora avec un sourire sympathique. "Ah, pardon mademoiselle, Hermès est un brin surexcité, mais c'est un très bon..." il devint muet comme si frappé par l’éclair. Le choc était clairement visible dans ses yeux – ou plutôt, dans l’œil qui était à la vue de Sora. Le choc était réciproque.

Sora serrait les dents. Elle n’osait pas y croire… s’agissait-il d’une apparition? *Père…?* C’était bien impossible que ce soit son géniteur devant elle et Sora le savait – elle avait vu son vieux père crever comme un chien, ses poumons percés et pourris par la maladie. Et elle n’avait pas versé une seule larme. Comment le pouvait-elle? Elle l’avait aimé, ce père. Elle l’avait aimé très fort malgré elle, ou plutôt : malgré lui. Et lui…? L’avait-il jamais aimé? Avec des pensées pareilles, Sora ne pouvait pas trouver la force en elle pour pleurer. Les larmes qu’elle avait versées sur les tombes de sa sœur et de sa mère lui avaient, jadis, prises toutes ses forces. Elle n’en pouvait plus… Même pleurer pour Marbelin lui avait semblé difficile.

Pourtant, Sora s’accrochait comme à une bouée que la personne se tenant devant elle était l’âme errante de son défunt père – l’autre option était beaucoup plus effrayante et, surtout, mille fois plus décevante. Mais Sora devait faire face (littéralement!) à la réalité…

Sans dire un mot, la rage au cœur et les flammes aux yeux, la joueuse de lyre tira son scimitar de son fourreau avec une agressivité telle que l’on pouvait observer sur des champs de bataille. Un autre que Ion, qui avait fait la guerre, se serait probablement enfui devant la déesse de haine qui se tenait devant lui.

"A... Alaya? Est-ce que c'est toi?..." demanda l’homme, que, Sora le savait bien, n’avait été qu’un naïf jeunot à leur dernière rencontre.

Le regard assassin qui pouvait se lire dans les yeux de Sora démontrait clairement que celle-ci n’appréciait pas la confusion de son frère. *Il le fait exprès ou quoi?*

"Notr – ma sœur est morte! Il y a de cela longtemps déjà. Et ne te permets pas de prendre le nom d’Alaya dans ta gueule sale!’’

Les paroles de Sora tremblaient tant la rage s’y infiltrait.

[désolée si c’est pas très bon!!! T.T ]

[Bah, j’aime bien le post, moi! ^^ Mais c'est mon post qui est mauvais...T_T]

Lorsque la jeune fille dégaina son scimitar agressivement, Ion comprit tout de suite—bien que c’était déjà trop tard— qu’il s’était trompé sur la personne; sa sœur Alaya avait toujours détesté les armes, même avant que ses deux frères eurent à partir en guerre....

"Notr – ma sœur est morte! Il y a de cela longtemps déjà. Et ne te permets pas de prendre le nom d’Alaya dans ta gueule sale!’’

C’était avec Sora qu’Ion avait affaire. Et elle le haïssait. Ion ne put s’empêcher de faire un pas en arrière, à la fois surpris et blessé par la réaction de la belle jeune femme qu’était devenue la fillette fougueuse mais néanmoins attachante de ses souvenirs. Du moins, dans ses souvenirs avant qu’il ne perde son œil; la fillette avait été terrifiée par l’œil vitreux et inexpressif qu’Ion cachait à présent sous une mèche de cheveux bien placée.
Elle avait en effet grandi, la petite Sora, pour le meilleur et pour le pire.
Le front d’Ion se plissa, un vieux signe qu’il essayait de contenir une émotion quelconque.

« Je suis navré. Mais elle avait beau être ta sœur, j’étais quand même son frère, Sora... »

*Qu...Pourquoi? Elle me parle comme lui...*

Le frère ainé secoua sa tête —pas trop fort, comme par peur de faire éjecter son faux œil— comme pour chasser une pensée. Lorsqu’il releva la tête il...souriait. Son œil était triste, et ses poings étaient tellement serrés qu’ils étaient blêmes, mais il souriait.

*Je ne te donnerai pas la satisfaction de me blesser, Sora... Je ne suis plus le garçon chétif d’autrefois.*

« Tu sais, ma ‘gueule’ n’est pas plus sale que la tienne. Je tiens à te rappeler que ce n’est pas moi qui a maudit toute la famille devant l’autel... »

Le sourire déplacé d’Ion disparut, faisant place à un air sérieux et un brin attristé. Un œil froid et terne apparut, révélé par le vent qui déplaça les cheveux du joueur de mandoline, avant de disparaître à nouveau lorsqu’Ion replaça la mèche argentée avec empressement.
Le joueur de mandoline ouvrit ses mains, paumes vers la joueuse de lyre.

« Sora. S’il te plait, range ton arme et discutons en tant qu’êtres humains civilisés. Ne m’oblige pas à sortir la mienne pour me défendre. »

Ion regarda sa sœur droit dans les yeux, avec un air résolu. Il ne baisserait pas les yeux ou la tête sans une bataille. Néanmoins, sa voix était tendue.

« Peux-tu au moins me dire ce qui est arrivé à Alaya et à nos parents?...Est-ce qu’ils ont au moins eu le droit à des funérailles?»

Pendant ce temps, le chien disparut derrière un buisson, en flairant la piste d’un lièvre.

Ion semblait déconcerté par quelque chose. Son visage était plutôt rembruni et son front était plissé par les pensées qui circulaient dans sa tête. Ce front plissé rammenait à la mémoire de Sora un certain personnage qui, dans son passé, avait souvent affiché la même expression – quoique ce personnage avait beaucoup moins de douceur dans ses traits qu’Ion.

*C’est le portrait craché de père... Je me demande s’il s’en rend compte – lui et père ne se sont jamais appréciés.*

« Je suis navré. Mais elle avait beau être ta sœur, j’étais quand même son frère, Sora... » dit Ion sur un ton... était-ce offusqué ? Cela faisait si lontemps que Sora n’avait eut aucun contact avec son frère qu’elle ne savait pas quoi faire de lui. Sauf pour les expressions qui ressemblaient à celles de leur père, Sora ne connaissait rien en son frère ainé. Même son apparence, qui devait lui paraître familière, lui était étrangère et désagréable – ce qui était du en grande partie au fait que la relation entre Sora et Ion avait toujours été quasi non-existante.
« Tu sais, ma ‘gueule’ n’est pas plus sale que la tienne. Je tiens à te rappeler que ce n’est pas moi qui a maudit toute la famille devant l’autel... »

Alors qu’Ion prononçait ces mots, un sourire se traça sur son visage. Les yeux de Sora s’écarquillèrent de surprise et de colère à la fois et une vague de profond dégoût pour son frère se faisait sentir de façon écrasante dans la poitrine de Sora.

*Comment ose-t-il ?* Sora leva sa lame, prennant une position de combat, prête à attaquer. Son regard était foudroyant, voire meutrier, et, bien qu’elle n’avait pas avancé, sa présence commençait à se faire écrasante et menaçante.

Ion semblait remarquer cela, car son sourire disparu et il leva les mains – signe de raisonnement ou de soumission ? Mais Sora n’en avait rien à faire. Serrant les dents, elle murmurait, si bas que, sauf pour quelque bribes de mots, cela devait sonner come le chuchotement du vent pour Ion.

« Sale ... ! Tu vas voir ... ! Jamais... telle offense !... Je vais ... ! Comment ose ... ?! Payer... ! » était tout ce qu'Ion pouvait entendre.

Ion parla alors au dessus du déluge de murmures de Sora. Il n’eut aucune difficulté à couvrir les mots de sa soeur, bien que ses mots demeuraient calmes et d’un volume normal. « Sora. S’il te plait, range ton arme et discutons en tant qu’êtres humains civilisés. Ne m’oblige pas à sortir la mienne pour me défendre... Peux-tu au moins me dire ce qui est arrivé à Alaya et à nos parents?...Est-ce qu’ils ont au moins eu le droit à des funérailles?»

Sora leva un sourcil. C’était quoi ça ? Ion essayait-il de se faire prendre en pitié ?! Il n’en avait pas le droit ! Simplement pas le droit ! Il ne pouvait pas apparaitre maintenant, surgir de nulle part, et tenter de se réinclure dans sa vie, boulversant tous les fragiles idées et concepts autour desquelles Sora centrait maintenant sa vie. Ion n’avait pas le droit de simplement se pointer et de tourner la lame rouillée dans l’ancienne blessure de Sora une fois de plus, juste pour la faire souffrir. Elle avait finalement réussit à oublier et à mettre le passé derrière elle... et maintenant ? Le passé refusait de décrocher. Il revenait à l’assaut, la hantant, refusant de disparaitre...

Lorsque Sora répondit, ce fut d’une voix calme, très bas, comme si elle se tennait au lit d’un mourant. À la seule différence que le ton de Sora était glacial, un froid mortel semblait contenu dans sa voix où se mêlaient danger mortel et chagrin.

« Est-ce qu’ils ont au moins eu le droit à des funérailles ? » répéta Sora dans une bonne immitation de son frère. « Tu es complètement con ou quoi ? Ils sont tous morts ; et tu oses croire que j’aurais laissé ma famille pourrir là, sans leur accorder de dernier honneur ? Je sais que tu détestait père et, toi, tu les aurais peut-être abandonnés dans la mort – mais je ne suis pas comme toi ! Je n’ai jamais eut ton attitude dégoûtante ! J’ai tout fait pour rendre leurs derniers moments dans cette vie agréables et c’est moi qui me suis occuppée de leurs derniers sacrements ! »

Sora dû prendre une courte pause pour reprendre son souffle et discrètement essuyer la larme qui s’était formée au coin de son oeil.

« Et puis comment oses-tu me donner des leçons de civisme: c'est toi qui a manqué de cette qualité en abandonnant ta famille. Toi, durant tout ce temps... Toi tu te balladais en bas, sur terre, sans crainte, ni soucis pour la famille que tu avais abandonnée ! Je les ai vus mourir, un à un ! Je suis restée à leur côté, les réconfortant lorsqu’ils avaient peur de la mort et essayant de ne pas être infectée par leur crainte ! Et toi, tu t’en foutais : tu étais heureux d’être loin d’ici ! Tu m’as laissée seule avec un père que je détestait pour me laisser seule dans une maison qui empestait la mort et qui me paraissait presque hantée tant il manquait de vie ! Alors ne commence pas à faire semblait que notre famille t’intéresse ou que tu avais le moindre once de sollicitude pour nous, parce que je sais que c’est faux – de toutes façons, il est trop tard maintenant... !»

La rage dans les yeux de Sora se battait contre l’eau qui emplissait ses yeux. Serrant les dents, elle leva son scimitar et se mit à l’offensive. En quelques pas, elle avait rejoint son frère et elle forçait sa lame contre sa gorge. S’il tentait de se défendre, elle allait le tuer. Tout ce qu’elle voulait, c’est qu’il admette la faute qu’il avait commise en quittant Urua – et ensuite, elle verrait... elle le tuerait peut-être malgré tout... ?

[Il était grand temps que je réponde! ]

[Il était temps, mais Ça en a valu l'attente! ^___^
J'espère que ce post réussira à être à la hauteur, et qu'il réussira à mettre un petit peu de soleil dans ta vie (UGH, corny!! But I think you know what I mean, right?? XDD) et te remonter un peu le moral... ]

« Est-ce qu’ils ont au moins eu le droit à des funérailles ? »

Ion réagit aux paroles de Sora comme si elle lui aurait donné un coup de fouet à la figure.

« Tu es complètement con ou quoi ? Ils sont tous morts ; et tu oses croire que j’aurais laissé ma famille pourrir là, sans leur accorder de dernier honneur ? Je sais que tu détestait père et, toi, tu les aurais peut-être abandonnés dans la mort – mais je ne suis pas comme toi ! Je n’ai jamais eut ton attitude dégoûtante ! J’ai tout fait pour rendre leurs derniers moments dans cette vie agréables et c’est moi qui me suis occuppée de leurs derniers sacrements ! »

Il fallut quelques instants pour que les propos de Sora prennent bien le temps d'écraser l'esprit Ion de leur sens, le temps qu'elle s'arrête et s'essuie la larme qui débordait de son oeil. Que....! Comment osait-elle?!
La voix basse commençait à prendre du volume.

"Qu... Je n'aurais jamais...!"

-Et puis comment oses-tu me donner des leçons de civisme: c'est toi qui a manqué de cette qualité en abandonnant ta famille. Toi, durant tout ce temps...

Les paroles continuaient à venir, mais Ion ne les entendait plus qu'à moitié; Sora avait touché un point sensible, comme un mal de dents que l'on essaie d'oublier, mais qui revient en force au moment où on s'attend le moins. Ion avait baissé la tête, et ses jointures étaient blanches à présent.

* "Ion? Ion, qu'est-ce qu'il y a? Tu te préoccuppes encore pour ta famille?... Écoute, je comprends, mais il faut quand même se lever tôt demain, et ça fait déjà deux ans, alors essaye au moins de fermer les yeux...Ion..." *

Que...

"... Tu m’as laissée seule avec un père que je détestait pour me laisser seule dans une maison qui empestait la mort et qui me paraissait presque hantée tant il manquait de vie ! Alors ne commence pas à faire semblait que notre famille t’intéresse ou que tu avais le moindre once de sollicitude pour nous, parce que je sais que c’est faux – de toutes façons, il est trop tard maintenant... !"

Sora bondit vers lui, scimitar à la main. Ion laissa tomber le coffret qu'il tenait avant de dégainer sa rapière par automatisme, mais une lame à la gorge l'obligea à lever la tête et à montrer son visage.

La mâchoire crispée et l'oeil plissé mais brillant, le visage d'Ion affichait un air à la fois blessé, attristé, furieux et même effrayé. On aurait dit qu'il n'arrivait pas à se décider entre hurler à sa.... non, elle ne se considérait pas "sa soeur"... ou même pleurer. La rapière dans sa main était prise d'un tic, son bras coincé entre les deux frangins.

La voix d'Ion ne fut pas plus qu'un murmure, mais son amertume en fut plus claire que de l'eau de roche.

Comment osait-elle?!?

".... Non, mais...! Tu t'es entendue, gamine?"

La voix d'Ion reprit graduellement du volume et un certain venin que lui-même ne savait pas qu'il avait, et Sora aurait pu facilement percevoir les effluves de tabac qui provenaient de son frère, et elle obtint la réponse à une question qu'elle ne s'était pas posé.

Pourquoi la voix d'Ion est aussi rauque.

"Je sais que je ne suis qu'un con qui... qui n'a pas eu les couilles de rester aux côtés de sa famille et qui l'a laissée dépérir, mais... est-ce que tu t'es entendue?"

Ricanement méchant.

"Tu m’as laissée seule avec un père que je détestait pour me laisser seule dans une maison qui empestait la mort et qui me paraissait presque hantée tant il manquait de vie !" Imitation de Sora surprenante. " Tu penses que je haïssais Père parce que c'était toi qui le détestais; mais, à ce que je sache, ton père ne t'a jamais dit qu'il aurait préféré te voir mourir à la place de son favori, car, (Ion prit sa voix la plus grave) Victor était le fils utile, lui!"

Ion reprit sa respiration, mais sa voix tremblait lorsqu'il reprit.

"Je crois que tu étais trop jeune pour t'en souvenir, mais j'ai toujours été la honte de la famille; je vous ai tous fait une faveur en m'en allant. (De toute façon, je doute vraiment que tu aies vraiment été consciente de mon existence, alors pourquoi piquer une crise maintenant?) Je ne peux pas nier que les années que j'ai passé en bas ont été les meilleures années de ma vie. Je n'ai jamais autant appris que sur Terre, jamais été aussi heureux. Je ne le nie pas. Contente? Bon. Mais je ne me fichais pas...."

Un jappement interrompit la tirade d'Ion. Il se tourna (enfin, il tourna sa tête jusqu'où la lame de Sora le permettait) et écarquilla les yeux.

Hermès était revenu de sa chasse au lièvre, et était en train de montrer ses dents à Sora, la queue en l'air, un grognement sourd montant de sa gorge et le poil hérissé.

Un frisson grimpa le long du dos d'Ion. Malgré lui, il eut peur pour Sora; Hermès est un chien protecteur, et il était assez gros et fort pour sauter à la gorge de la joueuse de lyre sans problème.

Sans détourner son regard du chien, Ion murmura:

"Un conseil, en tant qu'être humain: éloigne-toi de moi avant qu'Hermès ne te saute à la gorge. Je ne pourrai pas le maîtriser s'il bondit."

[Désolé pour la soudaine incrustation du chien; je suis tombée à court d'arguments fraternels cinglants. (Et il n'y a rien de plus... *tousse* inspirant (???) que voir les Mythbusters polir de la marde!XDD)]